(BLOCK)CHAIN OF LOVE : Différence entre versions

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Version du 28 juin 2018 à 09:17

(BLOCK)CHAIN OF LOVE est un programme de recherche couvrant la période 2018-2020.

Objet de recherche

Inventée” en 2008 par Satoshi Nakamoto (nul ne sait s’il s’agit d’une personne, d’un collectif, voire d’un logiciel), la blockchain (chaîne de blocs) – qu’il faut distinguer du bitcoin et des cryptomonnaies qui n’en sont qu’une application – est un protocole de stockage et de transmission d'informations sans autre organe de contrôle qu’un réseau d’ordinateurs. Elle peut être décentralisée ou centralisée. Elle repose sur l’encryptage (ou hachage) de données organisées en blocs indissociablement liés les uns des autres. Leur contenu est vérifiable par tous les ordinateurs du réseau et la moindre modification d’un contenu est immédiatement repérée par la chaîne de blocs.

Le PAMAL et ses partenaires proposent une auscultation futurologique, médiarchéologique et artistique de la blockchain. Le programme (BLOCK)CHAIN OF LOVE vise à déterminer ce que la blockchain comme agent non-humain fait déjà et fera au processus de création et de conservation des œuvres d’art numériques.

Il s'articule autour de trois axes de recherche :

1) Le retour de l’original ?  Avec la photographie, le gramophone, le film puis l’ordinateur, médium de tous les média, où tout contenu (image, son, texte, geste…) est réductible au code binaire, une œuvre d’art est reproductible à l’infini : les concepts d’originalité, d’unicité et d’authenticité de l’œuvre d’art sont devenues une question et un problème (Benjamin, Heidegger). L’inscription des œuvres numériques au sein d’une chaîne de blocs pourrait  signifier le retour de l’unicité de l’oeuvre dans l’espace et le temps. Au sein de la chaîne de blocs, tout contenu comprend un en-tête identifiant son auteur (par une clef d’identification) et la date d’encryptage. Est-ce le retour de l’original ? S’agissant de la seule conservation-restauration des œuvres d’art numériques, que faut-il penser de l’émulation, simulation ou recréation des œuvres, autant de stratégies aujourd’hui dominantes dans le monde de l’art numérique et qui reposent justement sur la reproductibilité du code de l’œuvre?

2) La fin de l’anonymat ? Le Web permet d’anonymiser les contenus (avec, certes, une difficulté croissante depuis les années 1990) et autorise de fait la réappropriation infinie des contenus, laissant penser que la mort de l’auteur, thématisée tout au long du XXe siècle, est devenue réalité. Les premiers acteurs de la chaîne de blocs se sont inscrits dans cette utopie du Web, une logique d’anonymat et de partage, d’écriture collective et horizontale, notamment lors de la création du Bitcoin. Mais en réalité la chaîne de blocs permet d’identifier tous les propriétaires. Est-ce la mort de “La mort de l’auteur” ?  Oui et non. Oui, tant l’identification devient inviolable avec la chaîne de blocs. Non, car cette inviolabilité est garantie par les machines et non par les humains. L’auteur a désormais pour condition de possibilité (archéologique) le réseau qui devient en quelque sorte “l’auteur de l’auteur”.

3) Comment la matière absorbe-t-elle une chaîne de blocs ? Quels signaux les antennes des artistes et des designers captent-elles de la blockchain ? Dans quelle mesure la chaîne de blocs est-elle un médium artistique ? Quelle imagerie et quel imaginaire produit-elle ? Quels sons génère-t-elle ? Quels effets produit-elle sur les corps, l’écriture, le vivant et les matériaux ? Couplée à l'intelligence artificielle, quel rapport le réseau entretiendra-t-il avec les humains et avec les autres média techniques ? Quel impact éco-médiarchéologique ?

Objectifs

  • Réalisation de prototypes.
  • Exposition, Publication.

Format et calendrier

Organisation de trois chantiers collaboratifs à Arles, Avignon et Bruxelles, étalés sur la période 2018-2020.

Enseignements

15 étudiants et étudiantes de licence et master issues des structures partenaires seront associées aux recherches sur toute la durée du programme.

Partenaires

Ce programme est le fruit d'une collaboration entre le PAMAL (École Supérieure d'Art d'Avignon), l'École Nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre (Bruxelles), l'École Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles, l'École Supérieure d'Art et de Design de Grenoble-Valence, le pôle numérique de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et l'université de Nîmes.

Équipe de recherche

  • Chercheurs et chercheuses : Stéphane Bizet (ingénieur, UR PAMAL, ESA Avignon), Lionel Broye (artiste, UR PAMAL, ESA Avignon), Armandine Chasle (artiste, étudiante-chercheure DSRA, UR PAMAL), Louise Drulhe (artiste), Emmanuel Guez (artiste, théoricien des média, UR PAMAL, ESA Avignon), Lucile Haute (artiste, maîtresse de conférences, docteure en arts plastiques, université de Nîmes), Serge Hoffman (artiste, Responsable du Pôle numérique de l’ENSAV La Cambre, Bruxelles), Marie Molins (artiste, étudiante-chercheure DSRA, UR PAMAL) , Vincent Rioux (artiste sonore, responsable du Pôle numérique des Beaux-Arts de Paris), Gilles Rouffineau (designer graphique, UR "Il n'y a pas de savoirs sans transmission", ESAD-Grenoble-Valence), Yannick Vernet (coordinateur de l’ Obs/IN, ENSP Arles), Morgane Stricot (conservatrice-restauratrice, étudiante-chercheure UR PAMAL et conservatrice en chef du département d’arts numériques du ZkM Karlsruhe).
  • Coordination du programme de recherche : Emmanuel Guez.